Les âmes grises

Publié le par pierogod

J'ai acheté ce livre en voyant qu'il avait reçu le prix Renaudot 2003, le Grand Prix des lectrices de Elle (cela n'a pas trop compté en fait cela) et consacré meilleur livre de l'année 2003 par Lire et je ne me suis rendu compte que plus tard en commençant ma lecture, qu'un film avait été tiré de ce roman.

C'est étrange mais alors l'image de Jean-Pierre Marielle dans le rôle du procureur (un peu moins pour Villeret dans le rôle du juge Mierck) m'est resté tout du long de ma lecture alors que je n'ai pas vu le film mais simplement des extraits lors de la promo ou la bande-annonce...

 

Hiver 1917, dans un vilage de l'Est de la France, alors que la première guerre mondiale fait rage, le cadavre d'une petite fillette est retrouvé près d'un cours d'eau.

Le narrateur (qui n'est autre que le policier concerné par l'enquête) nous relate des années après l'évenement, l'Affaire qui a ébranlé sa petite bourgade.

Les soupsons se portent sur deux personnages : 

  • - le procureur, notable de la ville qui erre comme une âme en peine depuis le decès de sa femme quelques années seulement après leur mariage
  • - un déserteur, qui en quittant le front a été aperçu du côté du lieu du crime.

Apparaissent alors une succession d'intervenant, les salauds d'abord, le juge Mierck qui se complaît de ce cadavre car il aura une véritable affaire judiciaire à traiter et qui n'hésite pas à commander ses 'petits mondes'  à côté du cadavre de la fillette ; le colonel intervenant au nom du droit militaire et qui au besoin utilisera la torture pour obtenir des aveux.

Puis les personnages auxquelles on s'attache, le procureur et le policier, submergés par le chagrin d'avoir perdu l'être cher mais également la petite institutrice, qui distribue les sourires et semble pleine de vie.

Le roman n'est pas vraiment une enquête policière, il s'agit plus d'une découverte de la part d'ombre et de lumière de chacun des protagonistes ("dans nos âmes, qui ne sont, il est vrai, ni blanches ni noires mais grises, joliment grises" d'où le titre). On apprend que le colonel était un dreyfusard de la première heure, que le policier est tiraillé par tant de remords et que l'institutrice est bien plus torturée que la facade impeccable qu'elle présente.

 

Finalement, le crime n'est même pas élucidé et ce n'est pas le but du roman, les questions restent en suspens. Le procureur a-t-il tué et a-t-il été couvert par le juge ? Le déserteur est-il un bouc émissaire ou a-t-il avoué ce crime ?

Agréable à lire, difficile à décrire, on rentre très bien dans cet environnement feutré. Les questions laissées en suspens permettent à chacun des lecteurs de se faire sa propre opinion et de s'approprier l'histoire.


 

Les Âmes grises

 Philippe Claudel

Le Livre de Poche (2006)

Publié dans Livres

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